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Des mesures qui comptent : indicateurs d’un système agricole et alimentaire dans un monde fini

Si nos systèmes alimentaires sont vitaux pour l’existence humaine, ils sont aussi en grande partie responsables du changement climatique. Il n’est donc pas surprenant qu’aux quatre coins du monde on tente de mesurer, surveiller, évaluer les nombreux éléments qui composent les systèmes agricoles et alimentaires pour déterminer leur efficacité et repérer ce qui peut être amélioré.

Or, ces systèmes sont également extrêmement complexes et difficiles à mesurer, et jusqu’à une époque récente, les données étudiées se limitaient principalement aux aspects économiques. « À Babylone, le prix des denrées alimentaires était consigné dès 500 avant J.-C., et ce sont toujours ces mêmes données qui continuent d’alimenter en grande partie les bases de données internationales, telles que FAOStat », ont rappelé les co-auteurs d’un nouveau document de travail : Développement d’évaluations holistiques des systèmes alimentaires et agricoles : un méta-cadre pour les utilisateurs de données. Ils sont scientifiques au Centre de recherche forestière internationale et au Centre International de Recherche en Agroforesterie (CIFOR-ICRAF), ainsi qu’au Statistics for Sustainable Development (Stats4SD).

Landscape of Kenya. Photo by Terry Sunderland/CIFOR

Leurs travaux s’inscrivent dans le cadre du programme Agroecological Transitions Program for Building Resilient and Inclusive Agricultural and Food Systems (Transitions agroécologiques pour des systèmes agricoles et alimentaires résilients et inclusifs, TRANSITIONS) dont l’objectif est de favoriser des transitions agroécologiques basées sur le climat, à différentes échelles, au travers des agriculteurs des pays à revenu intermédiaire inférieur. L’un des trois principaux axes de TRANSITIONS porte sur les indicateurs, et les premières constatations sont décrites dans le document de travail. Son premier objectif est d’aider les développeurs de cadres d’évaluation et d’indicateurs à obtenir des mesures holistiques des performances des systèmes alimentaires et agricoles qui mettent l’agroécologie sur un pied d’égalité avec les autres démarches de développement agricole.

Cet angle de travail est important car nous mesurons ce qui compte. « Les propriétés mesurées des systèmes vont s’améliorer dans le temps grâce aux décisions de gestion, tandis que les propriétés non mesurées évolueront positivement ou négativement, selon ce qui les influence et leur corrélation avec les propriétés mesurées », peut-on lire dans le document. « C’est la raison pour laquelle les scientifiques et les militants réclament depuis longtemps d’autres mesures que celles qui se limitent à la production, aux aspects économiques ou à la taille des systèmes agricoles et alimentaires. »

Ces données sont particulièrement intéressantes pour mesurer les bénéfices relatifs des démarches holistiques telles que l’agroécologie, par rapport aux agricultures intensives plus conventionnelles. « Les systèmes agroécologiques sont développés avec l’idée d’apporter des bénéfices environnementaux et sociaux, pas uniquement économiques, et d’être durables sur le long terme », précisent les auteurs. « Or, évaluer uniquement leur production ou leurs aspects économiques sur le court terme revient à être complètement hors sujet. Réciproquement, évaluer les systèmes intensifs conventionnels sans tenir compte des effets sociaux et environnementaux sur le long terme mène à une dégradation de ces aspects. »

Face à ce besoin plus évident en évaluations holistiques, on a observé une « prolifération » des cadres disponibles, sous de nombreuses formes, afin de répondre à une grande diversité d’objectifs. Si un tel foisonnement est louable, il peut s’avérer difficile pour les personnes en quête de mesures de s’y retrouver. « Les objectifs motivant le développement d’un cadre d’évaluation holistique d’une part, et la multitude d’outils et d’indicateurs disponibles d’autre part, peuvent donner l’impression de devoir tout mesurer, partout, en même temps, mais dans un temps et avec des ressources limités », indiquent les co-auteurs.

Ils proposent donc un « méta-cadre » pour aider les personnes qui cherchent des données sur les systèmes agricoles et alimentaires à concevoir une évaluation efficace et adaptée à leurs besoins. Ce cadre s’articule autour de quatre concepts organisationnels :

1.    La destination : l’objectif de fournir une évaluation holistique d’un système agricole et alimentaire

2.    La boussole : les principes de conception d’une évaluation

3.    Le paysage : les caractéristiques et les éléments du système d’évaluation

4.    La trajectoire : les étapes pour développer l’évaluation

Au bout du compte, cette démarche permettra aux utilisateurs de données de choisir parmi toutes les approches disponibles celle qui répondra à leurs besoins, et en même temps qui mettra les systèmes agricoles et alimentaires durables sur un pied d’égalité.

Les auteurs de ce document de travail sont : Christine Lamanna, Richard Coe, Mary Crossland, Lisa E. Fuchs, Carlos Barahona, Brian Chiputwa, Levi Orero, Beatrice Adoyo et Matthias Geck.

Télécharger le document au format pdf.

Remerciements

Le programme TRANSITIONS est mis en œuvre par The Alliance of Bioversity et CIAT, CIFOR-ICRAF, IRRI, IWMI, La plateforme de partenariat transformatif sur l’agroécologie, et l’Université du Vermont. Il bénéficie du soutien financier de l’Union européenne et est géré par le FIDA

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